Le nucléaire et l’effet de serre

Retour page accueil   >   Retour page énergie   >   Retour page Climat 

 

S’il faut lutter contre l’effet de serre, c’est pour laisser aux générations futures une Terre habitable. Soignons la peste par le choléra, le malade mourra quand même. Le Comité européen sur le risque de l’irradiation (CERI) a publié une étude* globale qui permet d’estimer à 61 millions le nombre de morts dus au nucléaire depuis 1945. Et ce chiffre risque bien d’être augmenté à l’avenir, alors que les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl s’aggravent d’année en année au lieu de s’estomper comme le lobby nucléaire aimerait tant le faire croire.

 

AREVA, EDF, l’AIE et les lobbies qui gravitent autour du nucléaire sont en train de mener campagne pour faire croire que le nucléaire est la solution à l’effet de serre, dotés qu’ils sont de moyens considérables. Le pire n’est d’ailleurs pas le mensonge lui-même, mais ses conséquences : tant qu’on compte sur le nucléaire, on retarde la prise de décision pour de véritables mesures contre les émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, la France s’apprête à lancer la construction d’un nouveau réacteur nucléaire, l’EPR, et se contente d’effets d’annonce pour les économies d’énergie et les énergies renouvelables.

Le nucléaire pour lutter contre le réchauffement climatique.

 

*       Le nucléaire n’est pas une énergie durable : comme toute énergie fossile les quantités d’uranium sont limitées, 30 à 40 ans de réserves connues et exploitables avec 450 centrales construites à ce jour. Un simple calcul : 1 réacteur pour 1 million d'habitants en France (58 réacteurs), il faudrait, pour avoir le même rapport (80% de l’électricité d’origine nucléaire) en Chine et en Inde, y construire respectivement … 1.300 et 1.000 réacteurs nucléaires ! Ce qui serait de toute façon voué à l'échec : les réserves mondiales d’uranium seraient quasi immédiatement épuisées. Et l’électricité ne représente que 17% de la part de l’énergie consommée, la part actuelle du nucléaire de 5% env. ne monterait ainsi qu’à 10% … pour le climat c’est tout simplement à la marge !

*       Le nucléaire est propre et ne rejette pas de CO2 : la aussi c’est faux. La construction et déconstruction en consomment, le cycle de l’uranium, avec son extraction minière, le traitement du minerai, son enrichissement, ses transports, son retraitement à La Hague et le traitement des déchets ne sont pas marginaux comme le prétendent les « spécialistes français » qui avancent les chiffres de 0 à 6 g de Carbone par Kw/h alors que les experts indépendants annoncent de 28 à 160 g de C par Kw/h. Et quant à dire propre on ne parle que du rejet Carbone, les déchets nucléaires sont un autre problème. Eléments de la chaîne qui ne sont pas pris en compte d’ailleurs dans l’établissement du coût réel du Kw/h nucléaire, auquel on devrait rajouter les missiles crotale de défense aérienne.

*       L’extraction minière n’est pas une industrie vertueuse : elle stérilise par ses rejets de grandes étendues soumises aux vents qui transportent la pollution radioactive sur de longues distances. Les mines sont situées dans des zones arides telles que le Niger, obligeant les populations autochtones notamment Touaregs à l’exode ; l’Australie réputée sans population avant l’arrivée des colonisateurs ; le Canada naturellement dans ses réserves Indiennes … Les vents de sables Sahéliens parviennent jusqu’au nord de l’Europe et la désertification due aux modifications climatiques n’arrangeront rien.

*       Les calculs de rejets thermiques sont biaisés, le nucléaire rejette les 2/3 de l’énergie produite, cycle de Carnot oblige, dans l’atmosphère et dans nos cours d’eaux ou en mer. La belle affaire : en été EDF a du mal à refroidir ses centrales fluviales, le changement climatique n’arrangera rien ! Ni ses campagnes promotionnelles en faveur de la climatisation qui aggravent encore plus la situation … mais il est vrai que la surcapacité du parc nucléaire français l’incite fortement à le faire en parallèle du développement des exportations à prix cassés. Une centrale nucléaire n’est pas souple, si on baisse la puissance c’est au détriment du rendement. 

*       Pour influencer notablement sur le gâchis énergétique, une des solutions avec la maîtrise de la consommation par une action sur l’habitat et les transports, est la cogénération, ce que ne permet pas le nucléaire en raison de la centralisation et la localisation du parc de centrales éloigné des villes (heureusement pour les habitants), qui nécessitent des besoins énergétiques sous forme d’électricité mais aussi de chaleur en hiver.

*       Enfin, le nucléaire nécessite de gros investissements qui seraient beaucoup plus rentables dans une gestion décentralisée de l’énergie alliant un rendement optimal et des solutions non énergétivores. Un exemple : la climatisation sans énergie existe dans les pays chauds depuis des siècles en offrant confort, sécurité et simplicité. Consommer bêtement n’est pas synonyme de mieux vivre !

 

Yves Lejeune

 

 

    Retour page accueil   >   Retour page énergie   >   Retour page Climat

Créé le   16/11/2006          mis à jour   18/01/2010