De nouvelles pratiques agricoles … c’est urgent !

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 D’urgence, sauvons nos terres agricoles

 

La surface agricole a diminué, entre 1992 et 2003, de 76.000 hectares par an, dont 55.000 ont changé d'usage au profit de l'habitat (35.000), des réseaux (10.000), d'autres activités économiques (7.000)... Les Français consomment deux fois plus de terres agricoles que les Allemands. Tous les six ans, c'est l'équivalent des surfaces cultivées d'un département qui disparaît. Et pourtant l'espace ne manque pas en France ­, le gâchis (usines abandonnées dont les terrains ne sont pas réattribués, terrains achetés et jamais occupés …) et le grignotage périurbain deviennent des risques majeurs et irréversibles de disparition des terres à vocation agricole et maraîchères, bien visible en Essonne. Il n’y a pour se convaincre, qu’à voir la transformation de l’Ile de France surtout dans l’Est parisien de Roissy aux terres fertiles jusqu’à Sénart au sud de la Seine et Marne. Un rythme trop rapide pour s'inscrire dans le cadre d'un développement durable.

Un nouveau risque se fait jour avec le développement des agrocarburants, on ne pourrait plus parler de terres agricoles mais d’installations insdutrie-agricoles, avec OGM et agrochimie à la clef puisque plus liés à la nourriture humaine ou animale.

 

 Alarmant pour la biodiversité nos terres agricoles sont détruites  à voir sur le site :

http://static.koreus.com/flvplayer.swf?file=http://embed6.koreus.com/00071/200704/alerte-babylone.flv&image=http://thumbshigh.koreus.com/ ... 

 

 Qu’est-ce qu’on va manger demain     à voir reportage sur Arte le 15 mars   

 

 Pour éviter l’appauvrissement des sols

 

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Parmi d‘autre, Claude et Lydia Bourguignon, un couple d’agrologues iconoclastes, défendent des techniques douces sauvegardant la fertilité des terrains et la qualité de la production.

Presque toutes les surfaces cultivées en France et dans les pays qui appliquent les méthodes de l’agriculture intensive sont frappées d’érosion. Leurs sols sont morts, en voie de l’être ou <très fatigués” »

 

Pour ces deux spécialistes, tous les dé­sastres » que provoque l’agriculture moderne : mort ou appauvrissement des sols, pollu­tions, production d’une nourriture insipide et carencée ;  pourraient être évités si l’on res­pectait le sol, en arrêtant de le considérer comme un simple support sur lequel on dé­verse des « solutions magiques » engrais, pesticides, insecticides. Car si ces méthodes industrielles ont jadis réalisé des miracles, on en paie désormais tous le prix.

 

Exemple les inondations : l’éton­nante porosité des mottes, trahit l’intense activité des vers épigés, une faune minuscule, devenue rare, qui se nourrit de la litière de surface. Ils la broient et pro­duisent des boulettes fécales qui seront at­taquées par les microbes et transformées en humus. Cette faune creuse en outre de nombreuses galeries permettant au sol d’absor­ber l’eau des pluies comme une éponge. Lorsque disparaît cette faune invisible à l’œil nu, tuée par les produits chimiques, le sol devient imperméable et rejette l’eau. C’est ce qui s’est passé pour la Somme notamment.

 

Les labours modernes provoquent eux aussi une catastrophe en chaîne. A force de passer et de repasser, les lourds engins tas­sent le sol et forment à une cinquantaine de centimètres de profondeur une chape aussi dure que le béton. Les racines ne peuvent plus s’enfoncer et les plantes sont affaiblies. Car c’est dans les profondeurs qu’elles pui­sent une grande partie des trente-deux élé­ments nécessaires à leur épanouissement. L’agriculture ne leur en fournit que trois, ceux aux résultats les plus visibles azote, phos­phore et potassium, qui font grossir les plantes. Mais celles-ci tombent plus facile­ment malades et deviennent vulnérables aux attaques parasitaires. On les traite donc avec des doses d’insecticides ou des produits phytosanitaires, à doses massives Ces pro­duits éradiquent toute vie, et polluent au pas­sage l’environnement, avec les engrais déver­sés eux aussi de plus en plus massivement pour contrer l’appauvrissement des sols... Un cercle vicieux Nous nageons dans l’absurde, s’insurge Claude Bourguignon.

Nos plantes. tout comme nos animaux d’élevage, sont de plus en plus malades et dégénérées, et exi­gent de plus en plus de médicaments pour survivre. Ce n‘est plus de l’agriculture, mais de l‘assistance médicale. Certains blés ne sont plus panifiables. Il faut injecter des levures de laboratoire pour faire fermenter notre vin. Et si on croit résoudre le problème avec les 0CM, on se trompe ils ne sont mis au point que pour rendre encore plus dépen­dants les agriculteurs, en les obligeant à racheter des semences à chaque récolte. »

 

Mais y a-t-il d’autres solutions pour nour­rir une humanité en constante expansion démographique ? A l’écouter, nul doute possible. Ce champ du Val de Saille qu’il analyse en est la preuve. Sa productivité est excel­lente. Or, son propriétaire, Noêl Chalumeau, y pratique une « agriculture propre » avec le semis direct sous couvert. Ainsi, celui-ci ne laboure plus son champ depuis treize ans Les graines ne sont plus enfouies mais se­mées presque en surface, dans une légère griffure faite au sol par une machine délicate. Directement sous le couvert de la précédente culture qui empêche les mauvaises herbes de pousser. Il n’y a pas ou peu d’engrais, pas ou peu d’insecticides sauf en cas de néces­sité. Noèl Chalumeau n’est pourtant pas un intégriste écolo. Sa démarche est avant tout pragmatique. Il appartient à la poignée d’agri­culteurs en France cherchant ainsi à dimi­nuer ses coûts.

Avec le semis direct, il les di­vise par quatre. Il travaille quatre fois moins la terre que les autres et dépense donc quatre fois moins de gasoil (30 litres contre 120 par hectare). Sans compter les gains sur les produits chimiques qu’il n’achète pas.

 

L’été 2003, la sécheresse a brûlé sur pied une partie de se récolte de blé, comme pour tous les autres exploitants. Que faire ? Pour Claude Bourguignon, la solution est évidente. Il faudrait semer, en culture intercalaire, un sor­gho, une plante vivace qui enfouit ses racines si profondément qu’elle ouvre une multitude de canaux, dans lesquels les racines du blé pourront se frayer un chemin, jusqu’aux cou­ches imbibées d’eau. Et le sorgho a l’avan­tage de faire remonter en surface le calcium. «Le but à atteindre avec le semis direct ex­plique Claude Bourguignon, c’est de faire tra­vailler le sol à la place de l’agriculteur.»

 

Ceux qui ont adopté le semis direct sont pourtant considérés comme des marginaux. Les récoltes de Noèl Chalu­meau sont bonnes, et chacun peut constater qu’il ne passe pas sa vie sur son tracteur. Mal­gré tout, il est traité de «fêlé» dans son canton. Claude Bourguignon lui aussi a été traité comme un pestiféré par l’lnra ( Institut natio­nal de la recherche agronomique ). Désespé­rant d’être entendu, il an a claqué la porte en 1989, pour créer son laboratoire d’ana­lyses microbiologiques des sols (Lams), près de Dijon, équipé de vidéomicroscopie. L’objectif travailler en direct avec les agriculteurs désireux de changer de pratiques. Mais ses clients ne sont pas légion ... avis aux amateurs !

 

Lorsque le doute le prend, il y a heureuse­ment le Brésil pour lui prouver qu’il est sur la bonne voie. En moins de dix ans, avec 50 mil­lions d’hectares plantés en semis direct sous couvert, ce pays ne s’est-il pas élevé aux pre­miers rangs des producteurs mondiaux ? Alors pourquoi, an France et en Europe, cette technique est-elle rejetée ? « C’est avant tout un problème d’organisation sociale, consi­dère Claude Bourguignon.

Les agriculteurs brésiliens ont adopté le semis direct car ils n’avaient pas le choix. On leur a coupé les subventions et ils se sont reconvertis dans la culture la plus rentable. Chez nous, les exploitants font ce qu’on leur dit sous peine de perdre leurs aides.

 

Les vrais maîtres de notre système sont les lobbies industriels, ils arro­sent les décideurs et financent la recherche. Ils ont la haute main à tous les niveaux de décision. Un ministre de l’Environnement ou de l’Agriculture ne pèse rien face à eux. Notre système est complètement pipé.

 

Pour Claude Bourguignon, il y aurait bien des solutions. La première, radicale couper les subventions et obliger les agriculteurs à se prendre en main (mais ce sont bien les agriculteurs américains qui y seraient le plus opposés). La seconde, plus douce : organiser des voyages de groupe au Brésil. Tous ceux qui y vont en reviennent « convertis » assure-t-il. En tout cas, une chose est sûre ce ne sont pas les agro-industriels qui leur paieront les billets.

 

Texte emprunté à Luc Desbenoit   Article parus dans Télérama n°2797 du 20 août 2003 ( Claude Bourguignon est passé aussi sur les ondes :  France Culture Emission Terre à terre   93.5 MH  le samedi matin 7h05 / 8h00 ) 

 

Le Sol, la terre et les champs, de Claude Bourguignon.

Edition Sang de la Terre. 190 pages   16 €

Engrais, pesticides et insecticides ont réalisé des miracles.

Mais l’environnement en paie le prix.

ça dure 4 minutes, sur ce que deviennent les sols - par Claude Bourguignon agronome qui a quitté l' INRA http://www.dailymotion.com/video/x1ds9p_alerte

Intéressant mais un peu technique a méditer : Aujourd’hui, nous perdons en moyenne 10 tonnes de sol par hectare et par an http://www.passerelleco.info/article.php3?id_article=113
http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Bourguignon

 

Remembrements, malgré les catastrophes, on continue !

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Les inondations rappellent douloureusement l’importance que peuvent jouer les haies formées de talus et fossés - précieuses digues, œuvres de nos ancêtres, remparts efficaces aux dégâts engendrés. Et pourtant, on n’en tient aucun compte. Leur destruction est principalement due à l’agriculture intensive et aux aménagements fonciers que celle-ci  nécessite. L’aménagement foncier comprend sept modes dont le remembrement, mot souvent utilisé pour simplifier.

Le remembrement est régi par la loi du 9 mai 1941 ( non, l’esprit de Vichy n’est pas mort ) qui selon le code rural doit : “assurer la mise en valeur et l’amélioration des conditions d’exploitation des propriétés agricoles ou forestières” et plus récemment “contribuer également à l’aménagement du territoire communal”. Cette loi a été très souvent modifiée et son application a spolié de nombreuses personnes. Les spoliés, et les personnes de bonne foi connaissant le système, affirment qu’il favorise une agriculture intensive productiviste et polluante et permet aux personnes “bien placées” de s’approprier les meilleures terres, sans bourse délier, pour leur intérêt personnel.

 

Nul ne conteste la nécessité d’avoir une exploitation regroupée. D’ailleurs, les anciens et certains particuliers aujourd’hui ont toujours pratiqué les échanges amiables. L’inconvénient majeur de ces échanges, actuellement, est que les frais de l’acte sont souvent plus chers que la valeur de la terre échangée. Cependant, certaines communes ont trouvé la solution aux problèmes que pose l’implantation d’infrastructures de transport, une des causes principales du remembrement  : dédommagements aux personnes dont les propriétés sont touchées sans procéder au remembrement, etc… . Si le but officiel de cette loi était d’accroître la production, étant donné ses effets nuisibles et la surproduction coûteuse de ces dernières années, on peut se demander si elle a encore raison d’être.

 

 ALORS POURQUOI CONTINUE – T- ON A REMEMBRER ?

Les remembrements continuent parce que la loi du silence interdit, en cette matière, de parler des intérêts financiers et des avantages du pouvoir. En outre, le Droit rural et le Droit administratif sont d’une complexité qui favorise les abus malgré de multiples règles.

 

 Avantages officieux ou peu connus

è L’Etat profite de la TVA sur les remembrements. Ce qui n’est pas négligeable étant donné les factures : à Pleine Fougères en Bretagne plus de 10 millions de Francs, à Percy en Normandie 16 millions, à Angoville sur Ay  toujours en Normandie 3,5 millions. Il faut mentionner la curiosité luxueuse de Geffosses avec une TVA de 33,82 %. L’Etat est aussi intéressé en ce qu’il fait payer les primes de ses fonctionnaires DDA directement par les contribuables. 

 

è Certains fonctionnaires DDA touchent légalement des primes sur les travaux de remembrement qui sont réalisés dans les communes. “Principe choquant mais légal. Abrogé à la libération, ce système qui date de l’Ancien régime – a été rétabli par deux lois de 1948 et 1955 avant d’être modifié en 1979 ”. Il s’applique à de nombreuses administrations dont l’agriculture. “ Avant 1979, le paiement de ces “ rémunac ” (rémunérations accessoires), se faisait au niveau de chaque département. Plus on avait arasé de haies et massacré de rivières, meilleur était le salaire en fin d’année. Dans certains cas celui-ci pouvait carrément doubler (…) Depuis 1979, le système a été amendé. Désormais, tous les prélèvements effectués sur les travaux réalisés par les ingénieurs de l’Etat sont globalisés au plan national et reversés ensuite aux départements.

 

è Le Maire. Elu pour gérer les biens de la commune, le maire, en acceptant le remembrement s’immisce dans la gestion des biens privés. De plus, il est membre de la toute puissante commission communale de remembrement (d’aménagement foncier – CCAF) qui décide de la ré-attribution des terres après que le Préfet a abolit le droit de propriété.

 

è Des membres de commissions, des personnes proches du syndicat ou de la Chambre d’agriculture. Le plan de remembrement est réalisé par les géomètres mais il doit satisfaire les demandes de certains agriculteurs généralement membres de la CCAF, proches du syndicat et de la Chambre d’agriculture. Ce qui permet bien des abus.

 

è Le remembrement est la poule aux œufs d’or des géomètres.

Le remembrement est tellement complexe que les travaux préparatoires, confiés au géomètre, ont une importance décisive. Le montant du marché traité avec lui, toujours exorbitant, ne figure pas systématiquement sur les comptes du remembrement de la commune. Cependant, ce gain immédiat n’est pas le seul avantage. En effet, le regroupement des parcelles dans un même lot oblige le propriétaire à faire appel au géomètre pour toute vente partielle ultérieure.

 

è Les études. Certains maires disent ne pas connaître le coût du remembrement avant de le faire voter. Les habitants se plaignent souvent de ne pas réussir à obtenir les chiffres du budget prévu, ni du maire, ni du conseil général. Pourtant de multiples études sont faites : pré-étude, étude d’impact sur la faune, la flore, l’eau.  Pourquoi pas une étude financière, un bilan coût/avantages ?

Quelquefois, il arrive même que le Conseil général fasse faire des pré-études de remembrement sur des communes sans délibération, sans information, du conseil municipal.

 

è Les risques de corruption des marchés des collectivités locales : “ Cas de figure   à la fois simple, efficace et quasi indétectable : une collectivité publique qui souhaite passer un marché fait appel aux entreprises de biens ou de services compétentes dans le secteur déterminé. Mais les chances de succès de ces entreprises en compétition seront accrues si elles s’offrent les services et les bons offices d’une société d’études. Celle-ci, après avoir reçu son pourcentage sur le montant du contrat, transférera au bénéficiaire les ressources ainsi captées, déduction faite de ses propres dépenses… Un prélèvement est ensuite incorporé à l’insu des contribuables concernés au prix d’un surcoût de l’investissement ou du service ou au détriment de la qualité … le phénomène n’est pas récent mais son caractère systématique et quasiment institutionnalisé l’est ”. 

 

Bref, entre le Droit rural qui permet tout et le Droit administratif qui ne résout rien, le bon sens, l’équité et les Droits de l’Homme n’ont plus droit de cité.

Rendons-nous à l’évidence : Tant que les hommes ne seront pas des saints, les remembrements seront une calamité, les dévoiements sont si profonds que seul l’arrêt de la cause peut en arrêter les effets.

Il est plus facile d’abroger les textes sur le remembrement autoritaire que d’arrêter les primes des fonctionnaires des DDA. Il serait moins difficile d’abroger ces textes que d’arrêter la destruction de chemins de randonnées, que d’empêcher les abattages systématiques d’arbres dès qu’il y a un risque de remembrement.

 

Rendons lui justice, elle dérapa souvent en tant que ministre de l’Environnement mais Roselyne Bachelot-Narquin, députée du Maine et Loire a déposé une proposition de loi, enregistrée le 30 janvier 2001 (n°2884), visant à la suppression des dispositions législatives relatives au remembrement. Mais de la proposition à la à l’application ???   … triste destin pour une loi … enterrée.

En savoir plus :   http://www.sosremembrement.com

 

 

La réforme de la PAC nous concerne tous !

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29 juin 2005  Politique Agricole Commune : la France doit utiliser l’Article 69

Lors de la séance du Conseil supérieur d’orientation et de coordination de l’économie agricole et alimentaire (CSO), ce mardi 28 juin 2005, le Ministre de l’agriculture a signalé qu’il ne souhaitait pas mettre en œuvre l’article 69 de la réforme de la PAC, qui permet de soutenir les agricultures respectueuses de l’environnement et de la qualité.
Cet article 69, issu de la réforme de la PAC de 2003 (règlement CE n°1782/2003), permet aux Etats membres qui le souhaitent d’attribuer un « paiement supplémentaire » à des « types particuliers d'agriculture qui sont importants pour la protection ou l'amélioration de l'environnement ou pour l'amélioration de la qualité », à partir du premier pilier de la PAC (jusqu’à 10% de l’enveloppe des paiements uniques). La France doit communiquer son intention d’appliquer ou non l’article 69 au plus tard le 1er août 2005. Plusieurs Etats ont déjà annoncé leur intention de l’utiliser (Italie, Suède, Portugal, Ecosse, Finlande). Avantage : pas de contrepartie financière nationale, il permettrait de soutenir les agricultures « vertueuses », notamment de :
- rémunérer les producteurs biologiques, au-delà de la période de conversion.

- éviter les distorsions de concurrence en défaveur des producteurs français. 

- accorder un soutien spécifique aux races et variétés menacées de disparition.

- financer les contrats Natura 2000 en zones agricoles.

Dans le contexte actuel de remise en question du budget européen, ne pas promouvoir l’utilisation la plus pertinente possible des financements de la PAC est irresponsable. Il serait grave que le Ministère de l’agriculture persiste dans son refus de mettre en œuvre l’article 69 ;  des moyens financiers non négligeables pourraient être alloués pour corriger les insuffisances environnementales de la réforme de la PAC en France, et encourager des agriculteurs qui s’engagent pour répondre aux enjeux clés du développement durable, que sont l’environnement et la qualité.

La PAC consomme en moyenne la moitié du budget de l'UE, deuxième puissance du monde, après les Etats Unis. Elle a une importance fondamentale, en particulier pour la France, premier pays agroalimentaire européen. Dans ce contexte de libéralisation des marchés et de mondialisation, la PAC tente de s'adapter pour ne pas disparaître sous la pression des anglais.

Longtemps cogérée par les Organisations professionnelles majoritaires (FNSEA) et les pouvoirs publics, la PAC passe progressivement dans le débat public. Il faut que ce débat intègre tous les acteurs sociaux et associatifs concernés. car les impacts de la politique agricole touchent chacun d'entre nous : pollutions des eaux et surexploitation des nappes phréatiques, destruction d'espaces naturels, uniformisation des paysages, désertification, sécurité alimentaire non assurée, chômage, atteintes à la biodiversité, manipulations génétiques aux conséquences imprévisibles...

La Politique Agricole Commune (PAC), c'est quoi ?

Créée en 1962, elle a pour objectifs d'augmenter la productivité pour assurer la sécurité alimentaire de l'Europe, d'organiser la commercialisation des produits, d'assurer le niveau de vie des paysans et des prix raisonnables aux consommateurs. Deux principes et un instrument :

Grâce à ce système, l'Europe devient rapidement auto-suffisante, puis excédentaire en céréales, lait, viande... et le revenu des agriculteurs augmente.

Les réformes de la PAC

Telle qu'elle est conçue à l'origine, la PAC soutient les prix plutôt que les paysans, les incitant à intensifier leur production pour maintenir ou accroître leur revenu. Conséquences : des excédents coûteux, la disparition des petits producteurs , la désertification rurale, des inégalités de revenus, des atteintes à la santé et à l'environnement. En raison de ces dysfonctionnements, la PAC est entrée en réforme permanente (quotas laitiers, gel des terre, baisse des prix, aides directes...). La Commission européenne veut poursuivre la baisse des prix agricoles pour les aligner au niveau du marché mondial, en compensation par une augmentation des aides directes aux agriculteurs. On se dirige vers une agriculture duale, avec des zones intensives et des "réserves" pouvant bénéficier d'aides à l'environnement.

Une autre voie est possible :  Le budget agricole européen peut être un moyen efficace pour orienter l'agriculture vers des modes de production qui, tout en restant rentables et novateurs, préservent l'environnement, les emplois et la qualité de la nourriture. Ainsi, les aides doivent être modulées en fonction de la taille des exploitations agricoles, du nombre de personnes employées, et du type de production. Elles devraient globalement être conditionnées au respect de l'environnement, de la qualité des produits, prenant ainsi en compte toutes les fonctions sociales des paysans.

Quatre mesures seront indispensables :

1. Le principe de l'écoconditionnalité environnementale

Actuellement en France comme dans le cadre de la PAC, les mesures agri-environnementales constituent une politique marginale à côté d'une agriculture productiviste essentiellement axée sur la conquête des marchés. Il faut placer les mesures en faveur de l'environnement et d'une agriculture durable, au centre des dispositifs d'aides.

Nous demandons donc que la France s'engage clairement sur le principe de l'écoconditionnalité :

L'eau, c'est la vie : près de la moitié de notre ressource en eau est menacée par la pollution azotée due aux engrais et aux élevages intensifs. Ainsi, la Bretagne concentre 56% de la production de porcs, 47% des poulets et la moitié du lait français. Les interdictions de la consommation d'eau du robinet pour cause de nitrates et de pesticides augmentent.

2. Un soutien réel à l'agriculture biologique

L'agriculture biologique ne doit pas être reléguée parmi les mesures agri-environnementales marginales. Il faut qu'elle soit inclue dans la PAC et dans les aides accordées par la France. A ce titre l'agriculture biologique doit être reconnue et favorisée par la politique de soutien aux revenus des agriculteurs. Des revenus mieux assurés pour les paysans assumant un label "biologique" permettant de développer la production bio, dont les rendements sont moins élevés mais qui produit des aliments sains sans utiliser d'intrants chimiques, en préservant la biodiversité et en entretenant les sols.

Actuellement, dans certains pays d'Europe, plus de 10% des surfaces sont cultivées en agriculture biologique. Très en retard, avec moins de 1% des surfaces en bio, la France se trouve obligée d'importer massivement des produits biologiques car la demande des consommateurs augmente...

3. La suppression des primes à l'irrigation et au maïs-ensilage

La culture intensive du maïs destinée à nourrir le bétail a de nombreux impacts négatifs : pollution par les engrais, pesticides et herbicides, gaspillage de l'eau par l'irrigation, destruction des paysages et des milieux naturels, gaspillage des aides, au détriment des prairies qui permettent un élevage respectant les écosystèmes et les animaux. De plus, le maïs étant pauvre en protéines, il faut compléter l'alimentation des animaux en soja, d'où une forte dépendance vis-à-vis des importations de soja américain. Nous demandons la suppression des primes favorisant la culture intensive du maïs.

Pour nourrir le bétail : mise en valeur des prairies ou maïs intensif ? Le maïs-ensilage (culture intensive et polluante pour fabriquer du concentré de fourrage) bénéficie d'une prime de 300 à 450 Euros/ha. par contre les primes pour encourager la pâture des bovins en prairies, qui permet de nourrir les bovins de façon saine, ne dépassent pas 45 Euros/ha avec des conditions d'obtention contraignantes !

4. La création d'un observatoire du financement public de l'agriculture

Nous demandons au gouvernement français de mettre en place un observatoire indépendant. Il aura pour mission de faire connaître au public le montant des financements publics alloués par types de production et par taille d'exploitation agricole, la part affectée à la préservation de l'environnement et les résultats obtenus.

Quelques chiffres : 4.500 céréaliers français touchent plus de 120.000 Euros d'aides publiques chacun ! Une exploitation agricole de Haute-Savoie reçoit en moyenne 3.000 Euros d'aides publiques par an tandis qu'une exploitation de plaine en reçoit le triple.

La politique agricole nous concerne tous parce que :

L'agriculture aménage les territoires

Jusqu'à maintenant, les aides étaient réparties en fonction du rendement régional et de la surface. plus le rendement est élevé et le surface est grande, plus l'aide est importante. Cela favorise l'agrandissement des exploitations de plusieurs d'hectares et fait disparaître les petits agriculteurs, qui jouent pourtant un rôle majeur dans la préservation des territoires et de la bio-diversité. 300.000 exploitations agricoles ont disparu entre 1989 et 1995 !

 

L'alimentation doit être au service de la santé !

L'agriculture est à la base de notre alimentation quotidienne. Quels seront les effets à long terme, sur la santé et l'environnement, des viandes aux hormones et aux antibiotiques, des fruits et légumes industriels, des OGM ? Les enquêtes montrent qu'une partie croissante de la population est prête à payer plus cher des produits cultivés sans engrais et pesticides chimiques.

 

Nos impôts pour quels emplois ?

La PAC mobilise plus de 40 milliards d’Euros. 80% des aides vont à 20% des exploitations agricoles les plus grandes. Le revenu agricole moyen augmente, le nombre de paysans diminue. Chaque année l'agriculture perd 5% de ses actifs, soit 60.000 emplois. Près de la moitié des paysans ont un revenu inférieur au SMIC. 20.000 sont RMIstes. Le contribuable est-il d'accord pour que la politique qu'il finance ne favorise qu'une minorité ?

 

Pour un développement durable et une solidarité internationale

Les envois réguliers de surplus agricoles européens à prix bradés concurrencent les producteurs des pays en développement, qui, eux, ne bénéficient, généralement d'aucune subvention. Dans le monde, 800 millions de personnes souffrent encore de la faim. Et ce n'est pas un marché mondial libéralisé qui y remédie. Il faut laisser aux paysanneries du Sud les moyens de développer leur propre autosuffisance alimentaire, en particulier par des mesures de protection des marchés régionaux.

Agir Pour l’Environnement - Familles Laïques - LPO - Amis de la Terre -  Nature et Progrès - MNCP - UNAF - Alliance  Paysans-Ecologistes-Consommateurs  -  Bio-Cop …   

 

Les agriculteurs vont devoir mieux respecter l'environnement en 2005

 

La réforme de la PAC, devant entrer en vigueur le 1er janvier 2005, oblige les exploitants à modifier leurs pratiques, afin de réduire la pollution des sols et de l'eau. Beaucoup d'entre eux ne seront pas en mesure de respecter ces échéances. Ils s'exposent à des sanctions financières.

 

Au 1er janvier 2005, entrée en vigueur de l'une des dispositions phares de la réforme de la politique agricole commune (PAC), adoptée en juin 2003 à Luxembourg. Il s'agit de la "conditionnalité" des aides venues de Bruxelles ( soit près de 10 milliards d'euros par an pour la France). En clair, les paysans seront pénalisés financièrement s'ils ne respectent pas certaines règles : préservation de l'environnement, traçabilité des animaux, etc.…

Les paysans devront se plier à 19 directives européennes, ainsi qu'à une série de "bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE)" définies par Bruxelles. Le calendrier est échelonné. Au 1er janvier 2005, un premier train de mesures sera appliqué.

A quelques mois de cette échéance, la France est-elle prête ? Suite à la demande d'un report, refusé par l'Europe, une marche forcée a commencé. Mais plusieurs dispositions ne seront pas respectées, en particulier certaines directives qui devraient pourtant être appliquées bien sûr depuis longtemps. L'arrivée de la conditionnalité illustre le retard français, déjà condamné par la Commission européenne.

 

La directive nitrates, n'est appliquée que très partiellement, bien que remontant à … 1994. Son objectif : limiter la quantité d'azote épandu sur les sols, objectif : 50 milligrammes par litre d'eau brute. L'azote, issu d'une part des excréments d'animaux (très concentrés dans les zones d'élevage hors sol comme la Bretagne) et d'autre part des engrais chimiques, atteint les cours d'eau par lessivage.

Les agriculteurs situés en "zone vulnérable" ne doivent pas épandre plus de 170 kg d'azote à l'hectare. Ils sont tenus, entre autres, d'établir un plan de fertilisation de leurs parcelles. Le programme de maîtrise des pollutions d'origine agricole (PMPOA 2), accompagnant financièrement les agriculteurs dans cette voie, avance très lentement, appliqué par une partie des éleveurs dans les zones d'élevage hors sol, de porcs notamment, les éleveurs de bovins laitiers doivent maintenant s'y conformer, les grandes cultures utilisatrices d'engrais chimiques également.

 

Les directives habitats et oiseaux (Natura 2000), visant à sanctuariser des "zones de protection spéciales" pour les espèces végétales et animales, inquiètent encore plus l'administration. Sous la pression du lobby CPNT, ces directives n'ont été appliquées en France que sur la base du volontariat, et pour une partie du territoire, tout reste à faire.

 

Certaines directives sont déjà mises en œuvre, comme l'identification et l'enregistrement des animaux, la protection des eaux souterraines, l'utilisation des boues d'épuration, etc.

Reste à faire appliquer : les "bonnes conditions agricoles et environnementales" visant à prévenir l'érosion des sols, à maintenir leur taux de matière organique et leur structure. Concrètement, les agriculteurs vont devoir modifier certaines pratiques. Pour la première fois, en 2005, des centaines de milliers de kilomètres de bandes enherbées seront mises en place le long des cours d'eau, ce qui relève du simple bon sens. Leur efficacité est reconnue : elles préviennent l'érosion et piègent nitrates et pesticides. Cette mesure devrait déboucher sur des améliorations concrètes de la qualité de l'eau.

Autre changement important : les agriculteurs devront respecter une relative diversité dans la rotation des cultures, afin de limiter les traitements par les pesticides. La portée de la mesure a été amoindrie : la profession a tout fait pour limiter la contrainte. Ainsi, la monoculture, considérée comme une "aberration agronomique" par les écologistes et certains agriculteurs, pourra continuer, si un couvert végétal hivernal est mis en place pour limiter l'érosion.

Les agriculteurs craignent de voir la France "faire du zèle" dans l'application de la conditionnalité. L'administration s'est lancée dans un travail considérable : la mise au point de grilles de contrôle simples, pédagogiques, compréhensibles par l'agriculteur. Elles devront être peu discutables, afin de limiter les recours, qui pourraient submerger les tribunaux administratifs.

 

Bruxelles évaluera si les contrôles effectués par la France satisfont ses exigences. Sinon, l'Etat [ le contribuable ] risquera, lui aussi, des pénalités financières, qui sans aucun doute auront déjà été aussi répercutées au consommateur. Si les agriculteurs ne se conforment pas aux indispensables directives, on paiera deux fois.

 

Un calendrier étalé jusqu'en 2007

 

Au 1er janvier 2005 : la conditionnalité des aides entre en vigueur (directives relatives à l'environnement, à l'identification des animaux ; application des bonnes pratiques agricoles et environnementales, obligation de maintenir la surface nationale de prairies permanentes). Simulation du nouveau système de versement des aides.

2006 : Réforme complètement mise en place. 2ème phase d'application de la conditionnalité (directives sur les produits phytosanitaires, notification des maladies). Réforme des aides directes.

2007 : troisième phase de conditionnalité (directives relatives au bien-être des animaux). La modulation sera instaurée progressivement. A noter que l’Autriche l’applique dès maintenant.

 

Biodiversité : les abeilles en danger, et pas seulement elles.

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Dans le cadre de l'instruction judiciaire menée par le juge de Saint-Gaudens, deux nouveaux rapports d'experts : l'un met en avant la toxicité du Gaucho [imidaclopride], l'autre dénonce la manipulation du dossier par les industriels, intéressant n’est ce pas.

Le 13 mai 2004, la suspension du Gaucho sur tournesol, décidée en 1999 et en 2001, pourrait être confirmée, étendue au maïs, voire interdite. Depuis 1997, les deux insecticides Régent [fipronil] et Gaucho sont accusés par des apiculteurs de décimer les abeilles. Le sort des deux insecticides est entre les mains de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Réponse prévue : pas avant un ou deux ans, bref, le temps de crever….

Mais en tout état de cause, le deux salopards Gaucho et le Régent ne peuvent expliquer à eux seuls l'affaiblissement des colonies d'abeilles, constaté également dans des pays qui ne les utilisent pas. Une certitude : en quarante ans, l'environnement de cet insecte social domestiqué a été considérablement bouleversé par les transformations de l’agriculture extensive en europe.

100 milliards de grammes, et quelques gr suffisent pour tuer.

Il n'y a pas que le Gaucho ou le Régent. La consommation de pesticides en France représente environ 110.000 tonnes par an, dont 100.000 tonnes utilisées en agriculture (UIPP-syndicat des produits phytosanitaires). La France vient juste après les US et le Japon, avant les autres Européens [autant que l'Allemagne, l'Italie et la Grande-Bretagne réunies].

En France, les règles d'application des phytosanitaires ne sont pas toujours respectées, ce n'est un secret pour personne. Les industriels, les pouvoirs publics et les instances agricoles (FNSEA entre autre, dont l’ancien patron F.Guillaume fait partie des ministres condamnables pour hérésie pronucléaire lors du passage du nuage de Tchernobyl) se sont longtemps montrés négligents. Les bonnes pratiques laissées à la discrétion de chaque agriculteur et il y a des irresponsables dans le métier.

La contamination diffuse de l'environnement est contrôlée depuis peu, notamment à partir de l'analyse de l'eau des rivières. Par contre on ne connaît rien de l'impact des phytosanitaires sur les invertébrés sauvages, pas de recherche d'envergure sur la biodiversité des insectes en France, il n'y a presque plus de hannetons et de moins en moins de bousiers et de papillons, mais cela inquiète peu nos braves responsables politiques plus prompt à protéger les chasseurs.

En plaine, l'agriculture a complètement modifié le paysage. En à peine un demi-siècle, les modifications ont été complètes pour la faune et la flore. Changement total de la densité florale, destruction des haies, remembrement féroce, puis des cultures industrielles de colza et de tournesol dans les années 80 ont complètement bouleversé la biodiversité. Les pollutions chimiques, les changements climatiques et les pathologies virales véhiculées par le varroa venu de l’Est sont venus se surajouter à l'agriculture intensive.

Les populations d’abeilles se sont modifiée bien souvent artificiellement, et ce n’est pas exclusif à l’Europe. L'abeille Buckfast, commence timidement à faire son chemin en France. Elle marque une rupture radicale avec l'apiculture traditionnelle et avec certaines pratiques actuelles qui consistent à introduire des races du monde entier de manière empirique et hasardeuse (voir les abeilles tueuses aux Amériques). La mondialisation de l'apiculture a conduit à la quasi-disparition des petites abeilles noires françaises, jugées peu productives et trop agressives. Mais les échanges tous azimuts ont aussi favorisé l'extension de nouvelles pathologies et de parasites sur l'ensemble de la planète.

Certaines plantes, à certains endroits en fonction du climat peuvent donner des résultats différents mais c’est avant tout l'éradication de toute biodiversité en plaine qui peut expliquer en partie les problèmes rencontrés. Les abeilles peuvent tout simplement mourir de soif et de faim dans les champs de tournesol. En été, une colonie peut «boire» jusqu'à six litres d'eau par jour pour réguler la température de la ruche par ventilation, diluer le miel pour le couvain et pour la consommation individuelle. Contrairement aux butineuses, les abeilles chargées de chercher de l'eau absorbent peu de miel avant leur départ. Elles disposent donc de peu d'énergie et doivent trouver de l'eau sous peine de ne pas revenir. Les pratiques culturales (tournesol notamment) influent beaucoup sur le cycle biologique des colonies d’abeilles mettant en danger sa pérennité.

Décidément, il est plus que temps de sortir de l’industrialisation agricole outrancière pour en revenir à une agriculture respectueuse des sols, de l’écosystème, de la biodiversité … enfin de nous même.  

 

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Créé le 07/12/2003      mise à jour   06/02/2011