Elections européennes du 7 juin 2009
Europe Ecologie est une formation
pour le rassemblement des écologistes qui se sont regroupés pour, dans un
premier temps, se présenter aux élections Européennes. Elle
regroupe des militants venant d'associations et de la société
civile et de verts. Eva Joly (ancien juge aux affaires
financières -lire en bas de texte les raisons de son
engagement ) ; Sandrine Bélier (France
Environnement ) ; Jean Paul Besset ( fondation Hulot) - Yannick
Jadot (Greenpeace) -José Bové, avec des verts. Têtes de liste en
Ile de France : Dany Cohn Bendit et Eva Joly Programme
d'Europe Ecologie ! http://www.europeecologie.fr/files/EE_Programme_BD.pdf |
Europe Ecologie sur Deezer est le premier site privé
français d'écoute gratuite de musique en ligne à avoir trouvé un accord légal
avec une société de gestion des droits d'auteur, en l'occurrence avec la SACEM (en savoir plus)
http://www.dailymotion.com/video/x9frnp_spot-officiel-1-le-rassemblement_news
Propos recueillis par Alice
POUYAT
Eva Joly est décidément
sur tous les fronts. La juge norvégienne qui a révélé l'affaire Elf en France,
a été réquisitionnée par l'Islande pour enquêter sur les responsables de la
crise. A l'occasion de la présentation de son livre, Des héros ordinaires, elle
revient sur sa candidature inattendue aux élections européennes du 7 juin, en
Ile-de-France, sur les listes Europe Ecologie.
Pourquoi entrer en
politique aujourd'hui ?
J'ai beaucoup d'admiration
pour les hommes et les femmes qui résistent. C'est pourquoi je viens d'écrire
Des héros ordinaires*, recueil de portraits de citoyens courageux qui luttent
contre la corruption et les paradis fiscaux. Je pourrais écrire un deuxième
tome sur des Français engagés, comme Etienne Cendrier (porte-parole de Robins
des toits, association qui lutte contre les dangers des antennes relais, ndlr).
Mais pour ma part, j'ai compris que j'avais épuisé les possibilités d'action en
tant que citoyenne, en France comme en Norvège. Face à la puissance des
multinationales, à la corruption mondialisée, la politique me semble un moyen
d'influer sur la réglementation.
L'intégrité que vous avez
toujours défendue n'est-elle pas menacée par cette entrée en politique ?
Cela ne dépend que de moi!
Vous savez, j'ai vu trop de gens qui portent leur intégrité en bandoulière, des
juges effrayés par l'idée qu'ils puissent être pris dans le vrai... A un
moment, il faut agir. Et puis je trouve que l'offre politique est inadéquate.
Pourquoi avoir rejoint les
écologistes précisément ? C'est un choix assez inattendu...
L'UMP n'a rien compris à
l'économie. Le parti limite les impôts pour les riches à un moment où l'effort
national doit être partagé. Les socialistes proposent les mêmes solutions
depuis les Trente Glorieuses et sont empêtrés dans des rivalités internes. Le
Modem fait des choses intéressantes, notamment pour l'environnement, mais son
pêché originel est de siéger aux côtés des libéraux au parlement européen. La
gauche radicale n'est pas force de proposition. Aucun de ces partis n'a pris la
dimension de la crise économique et de la crise écologique qui, pour moi, sont
intimement liées. Vouloir sauver le secteur automobile sans promouvoir les
voitures propres est complètement absurde par exemple.
Ecologie et lutte anticorruption
sont donc liées...
Oui. Il faut aujourd'hui
promouvoir une économie propre dans tous les sens du terme. La plateforme
Europe Ecologie fait de nombreuses propositions en ce sens. Elle souhaite
notamment un grand emprunt pour financer une économie verte, qui aille bien
au-delà de notre plan de relance. Cette plateforme réunit des personnes souvent
jeunes, impliquées, proches de la société civile, proche de Greenpeace, de
Nicolas Hulot. Dans tous les domaines, elle place l'intérêt des citoyens au
centre de ses combats. Or, quelle est la cause la plus importante aujourd'hui
pour la planète? C'est l'écologie.
Pourquoi mener ce combat
au niveau européen ? Le Parlement de Strasbourg est-il assez puissant et
indépendant des pressions économiques ?
Le parlement européen
pourrait avoir plus de pouvoir. Il n'échappe pas non plus aux pressions des
lobbys. La plateforme écologiste a justement pris l'engagement de réglementer
le lobbysme européen. Et puis, tout dépend des personnes que l'on envoie au
Parlement! Si on élit des ultralibéraux qui pensent que le marché se régule
tout seul, la réglementation européenne risque de patiner, alors que l'Europe
peut offrir des avancées considérables. La directive Reach (qui encadre
l'utilisation des substances chimiques, ndlr) en est un bon exemple. L'Europe
est aujourd'hui le meilleur cadre pour agir. C'est par exemple le cas
aujourd'hui pour une réglementation sur les antennes relais. En France, il y a
une trop grande proximité entre les opérateurs, comme Bouygues, et le pouvoir.
Avec quatre milliards de téléphones, c'est le plus grand problème de santé
publique à affronter.
Quel sera votre chantier
prioritaire si vous êtes élue ?
La lutte contre la
corruption et les paradis fiscaux, qui déséquilibrent les rapports Nord Sud,
restent ma priorité. Pour développer une finance propre, la plateforme Europe
Ecologie propose notamment la création d'une taxe sur les produits financiers,
qui permettra de tracer les flux financiers.
Les institutions
européennes sont-elles à la hauteur en matière de lutte anti-corruption ? Et
sinon, comment renforcer leur pouvoir?
José Manuel Barroso est
quasi inexistant sur ces questions! Mais la Commission agit tout de même. En
2008, elle a suspendu ses aides à la Bulgarie, dans l'attente de progrès sur le
front de la corruption. On pourrait aller beaucoup plus loin dans la voie d'une
régulation fédérale. Aujourd'hui, il n'existe qu'un Office européen anti-fraude
(Olaf). Celui-ci fournit des informations aux différents pays, qui restent
maitre des enquêtes judiciaires menées sur leur territoire. Il faudrait que
l'Olaf puisse déclencher des poursuites et, à terme, créer un tribunal pénal
européen, qui traque la criminalité économique transfrontalière, comme il
existe une Cour européenne pour les droits de l'homme. Mais pour cela, les pays
doivent renoncer à un part de leur souveraineté.
Créé le 05/05/2009 mis à jour 31/05/2009