La privatisation d’AREVA

   Retour accueil

 

 

17/11/2005 :  Le commissariat à l'énergie atomique (CEA), principal actionnaire  (79 %) du groupe nucléaire Areva, cherche des pistes pour financer les 2,6 milliards d'euros de démantèlement et réhabilitation de ses sites nucléaires, après le refus du gouvernement d'introduire en Bourse Areva, selon «Les Echos».

"A défaut de pouvoir privatiser une partie de ses titres Areva, le CEA doit réunir dans les trois ans qui viennent 2,6 milliards d'euros pour faire face à ses divers engagements". Le CEA pourrait nouer un partenariat avec un industriel, en lui cédant jusqu'à 30% du capital d'Areva, un rapprochement avec Alstom à moins que Bouygues et son concurrent Vinci puissent eux aussi être sur les rangs, ainsi que Total qui pourrait vouloir se diversifier pour aborder l'ère de l'après-pétrole. 

 

Une campagne de pub pour rien

 

Le groupe industriel fabricant de centrales nucléaires AREVA, la perle française privatisable de l’atome roi, en profite pour faire sa pub : AREVA rêve dans la presse, sur de pleines pages publicitaires de jolis dessins clairs et proprets présentant un monde nouveau où fument gentiment dans un coin des petites centrales nucléaires aux couleurs tendres et où on ne voit pas d’affreux écologistes. AREVA fait œuvre pédagogique : c’est ce qui est dit sur le site internet du groupe.

 

Pour AREVA, la solution au réchauffement climatique passe évidemment par le nucléaire. Et la campagne publicitaire en cours doit en convaincre le public.

AREVA dit que le public est très sensible au « scénario dynamique » du spot TV de la campagne de presse. Séduit il est, le public, par la bande sonore du spot « funky town ». C’est le nom de la musique du spot, c’est vrai que ça parle tout de suite au public, ça, « funky town ». Bref, il est séduit à 86 %, le public, paraît-il, presque aussi bien qu’un score électoral de Ben Ali.

 

Cette campagne de pub coûte à peu près 3 millions d’euros. En pure perte car le Premier ministre Dominique de Villepin a annoncé fin octobre 2005 qu'il renonçait à introduire en Bourse Areva, au motif que le groupe évoluait dans un secteur stratégique.

 

Un peu plus loin vers l’Est, il y a un pays qui ne ressemble guère au chromo de pub d’AREVA, avec une centrale enchâssée dans un sarcophage qui est en train de se fissurer et tout autour, dans un rayon de 30 kms, des terrains stérilisés et inhabitables.

 

Pendant qu’AREVA nous vend son rêve nucléaire à grand renfort d’euros de pub, la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) cherche des sous pour renflouer son « Chernobyl shelter fund », fonds multilatéral, et lancer le projet de construction d’un nouveau sarcophage, immense arche de 20.000 tonnes d’acier, 250 mètres de long, 100 mètres de haut, dont on espère qu’elle sera suffisante pour stopper pendant un petit moment les radiations de la carcasse de Tchernobyl. Le chantier était estimé à 768 millions de dollars. Il en faut maintenant plus d’un milliard. Il n’y a pas que la baguette de pain qui a augmenté.

 

Qui payera ? Personne n’a l’air très pressé de rallonger la mise.

 

AREVA vante la « solution économique » du nucléaire et demande qu’il soit éligible à de nouveaux mécanismes dans le cadre du Protocole de Kyoto. Mais les calculs de coût, c’est comme les statistiques, on y inclut ce qu’on veut. Trouve-t-on dans le calcul de cette « solution économique » le coût du deuxième sarcophage de Tchernobyl (et peut-être d’un troisième, pour dans 20 ans) ? Y trouve-t-on le « coût » des vies humaines sacrifiés ? Des enfants malades ? Des terres inutilisables ? Le coût des mensonges d’Etat (et ceux des autorités françaises valent largement ceux des autorités de l’Ukraine ou du Bélarus) ? Le coût des démantèlements futurs, le coût du stockage des déchets actifs, le coût des Tchernobyl à venir ?

 

Le rêve d’AREVA ne nous fait pas rêver. Derrière le chromo et ses coloris pastels, il y a la carcasse noire de Tchernobyl.

Une contre pub qu’AREVA voudrait bien occulter, l’EPR finlandais, sa cuve réacteur, sa dalle … mais c’est encore une autre histoire et de toute façon ce sera le contribuable français qui va payer !!!  

 

   Retour accueil

Créé le 09/04/2005    mise à jour   12/10/2006