Les
abeilles domestiques et sauvages disparaissent par milliards, elles quittent
les ruches ou leurs nids pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité,
aucun prédateur identifiable, pas plus que de squatter pourtant prompt à
occuper les habitats abandonnés. Aux USA et Canada, de 60 à 90% de pertes, en
Allemagne, le quart des colonies décimé avec des pertes jusqu'à 80 % dans
certains élevages, idem en Suisse, en Italie, au Portugal, en Grèce, en
Autriche, en Pologne, en Angleterre, partout. En France, où les apiculteurs
connaissaient de lourdes pertes depuis 1995 (entre 300.000 et 400.000
abeilles/an) jusqu'à l'interdiction du pesticide Gaucho, sur le maïs et le
tournesol, l'épidémie a également repris de plus belle, avec des pertes allant
de 15 % à 95 %.
Faut-il le rappeler :
80 % des espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées.
Sans
elles, ni pollinisation, et pratiquement ni fruits, ni légumes. « Trois quart
des cultures qui nous nourrissent en dépendent », cet insecte est aussi
indispensable à notre économie qu'à notre survie.
Faut-il
incriminer les pesticides et surdoses de produit chimiques ? Le
Varroa ? Un nouveau microbe ? Des champignons parasites, incorporés à des
pesticides chimiques, pour combattre les criquets, certaines teignes ou la
pyrale du maïs ou voyageant au gré des échanges de marchandises mondialisés ?
La multiplication des émissions électromagnétiques ? Les changements climatiques et la raréfaction
des fleurs (avant 1960 on ne pratiquait
pas la transhumance des ruches aujourd’hui
indispensable pour cause de monoculture intensive) ? Les OGM avec leurs biopesticides ? … Une combinaison de tous ces agents
agissant en synergie ? Une chose est certaine, au bout de toutes
les pistes, c'est toujours l'homme que l'on retrouve.
Le
phénomène n’est pas récent, on en parle depuis quelques années déjà, mais à
présent, ce sont tous les pays qui sont touchés et l’appauvrissement de la
biodiversité ne peut être contesté. Que ce soit les papillons ou les abeilles
dans l’air ou les poissons de nos mers ou les espèces sauvages terrestres,
partout le même constat … et le même acharnement destructeur : notre mode de développement et la pression
humaine.
Tout
allait pourtant pour le mieux depuis des millions d'années. Rien n'était venu
déranger le tête-à-tête évolutif entre les plantes à fleurs, rivalisant d'éclat
auprès des insectes pollinisateurs, et les abeilles, qui puisaient le nectar
entre leurs pétales. Leurs vies se passaient immuablement, dans une troublante
soumission aux lois du nid et plus tard de la ruche, où il n'est d'autre destin
possible que travailler à la perpétuation de l'espèce. Quel modèle pour notre
civilisation productiviste, elles ne se seraient pas mises aux 35 h ou instauré
une république démocratique ?
Dans
la guerre chimique menée par l'homme aux insectes ravageurs des cultures, les
armes ont évolué, maintenant c'est le royaume des grandes cultures : céréales,
colza, tournesol. De plusieurs kilos de matières actives à l'hectare, on est
passé à quelques dizaines de grammes. Mais les abeilles ne semblent pas s'en
porter mieux. Les produits leur
bousillent le sens de l'orientation, elles meurent à l'extérieur de la ruche,
on voit qu'il manque du monde, mais comme on n'a pas d'abeilles mortes, c'est
difficile d'apporter la preuve."
Les
apiculteurs sont aussi aux prises, depuis le début des années 1980, avec un
parasite importé répondant au nom évocateur de Varroa destructor.
Rond, rougeâtre, l'acarien - de 1 à
Le
"vampire de l'abeille" a rapidement conquis tous les
continents. En dehors d'Apis ceranae, aucune espèce
ne possède de parade contre lui. Sans traitement acaricide - souvent des
produits chimiques - les ruches s'étiolent. Les apiculteurs parlent tous de
l'époque "d'avant le varroa" comme d'un paradis perdu.
Voyant
leurs ruches péricliter, les petits apiculteurs amateurs, qui contribuaient à
maintenir partout la présence de l'espèce, sont de moins en moins nombreux.
On
dénombre plus d'un million de ruches en France. L'apiculture est pratiquée par de
nombreux amateurs et petits producteurs. Il existe 70.000 apiculteurs, dont 92
% possèdent moins de 30 ruches. L'éclatement de la profession rend difficile
l'obtention de chiffres fiables sur la production de miel ou les mortalités
d'abeilles.
En
2004, de 20.000 à 30.000 t ont été produites en France et 12.000 t de miel de
Chine, de Hongrie, d'Allemagne et des pays d'Amérique latine ont été importées.
50 % de la production est commercialisée dans les marchés ou par vente directe.
Eté
2009 … Cruiser : plus de doute, une
certitude … mais pas de décision !
Le
comité de suivi du Cruiser s’est réuni le 19 juin 2009 pour faire le point sur
la campagne 2009. Le lien entre cet insecticide et certains cas de mortalité
d’abeilles observés au printemps a été officiellement établi (L’AFSSA a en effet confirmé que les deux cas de mortalités
aiguës de butineuses observés début avril en Charente-Maritime et Vendée
étaient bien liés à l’utilisation du Cruiser en enrobage des semences de maïs,
en lien avec de mauvaises pratiques agricoles) … mais contre toute attente, la décision de
renouveler ou non l’autorisation de ce produit est reportée à l’automne. Quel courage
politique d’un ministre sur le départ pour cause d’élection au parlement
européen !!!
Lors de la réunion, le Centre National de Développement Apicole a
confirmé que le déclin des populations d’abeilles était de l’ordre de 30%. De
nombreux cas de stérilité des reines (ruches bourdonneuses) ont été également
rapportés sans explication. Les pollinisateurs sont en danger. Les conséquences de
leur disparition éventuelle seront incommensurables. Même si les pesticides ne
sont pas l’unique cause de leur déclin, nous devons pour les sauver mettre
toutes les chances de notre côté, et donc stopper impérativement l’utilisation
de produits qui, comme le Cruiser, sont officiellement reconnus dangereux pour
les abeilles. »
2011
… Cruiser : enfin interdit !
Trois années de procédures infructueuses pour arriver en ce début 2011 à
la quatrième et enfin victorieuse. La lâcheté des ministres face au pouvoir des
lobbies est enfin stoppée par la justice.
Retour page
accueil Créé
le 04/09/2007 mis à jour 04/02/2011